Si les 3 secteurs techniques étaient une fratrie, l'image (caméra et lumières) seraient le grand-frère, qui décide de tout. Le petit frère, le plus gâté, serait la machinerie. Et le son serait celui du milieu. Celui que tout le monde oublie un peu, et qui se démène pour exister.
Et pourtant, cette situation est la plus injuste qui soit.
Pas (uniquement) pour des questions d'équité dans le travail. Mais pour une raison purement physiologique.
En tant que spectateur.rice, une erreur dans l'image, une saute d'axe, un objet parasite, vous fera tiquer quelques dixièmes de secondes. Mais un son inaudible, mal modulé, du souffle ou des sons parasites vous feront décrocher immédiatement de la scène.
On dit d'un film qu'il est irregardable, justement parce qu'on l'a regardé. On ne dit jamais qu'il est inaudible. Car si on ne l'entend pas (bien), on ne le regarde pas.
Inversement, on est plus vite agressé auditivement que visuellement.
Bref, le son est primordial dans un film, et on a trop tendance à l'oublier.
Ce qui a l'air simple est ce qui a de plus compliqué
Il faut dire que le métier n'aide pas ceux et celles qui le pratiquent: toujours dans le chemin, immobiles, à essayer d'avoir le micro au plus près des personnages, ils ont toujours l'air de gêner.
C'est pourtant un travail diablement technique. Les lois de l'acoustique ne sont pas maîtrisées par grand monde. Et la prise de son demande une attention de tous les instants.
Car notre cerveau a pris l'habitude de supprimer les sons qui lui semblent parasites: ventilateur d'un ordinateur, frigo, grésillement d'une ampoule.
Pas le micro.
Et donc, les enregistrements risquent d'être remplis de sons parasites que l'on n'aura pas nous-même entendus.
Vous n'entendez rien, alors écoutez votre ingé son
Pourquoi en passer par toutes ces explications? Pour rappeler ceci: les ingés sons savent des choses que personne d'autre ne sait. Si il.elle vous demande un certain matériel, c'est qu'il est nécessaire.
Cela ne vous dispense pas de discuter, de lui demander de trouver des solutions plus économiques. Mais un.e ingé son qui a moins de matériel que nécessaire se trouve plus vite démuni.e que ses collègues des autres départements.
Et, ici aussi, il arrive souvent que la personne que vous choisissez ait son propre matériel, ou connaisse des moyens de s'en procurer à moindre coût. Le but étant, comme partout ailleurs, de faire des économies sans sacrifier sur l'essentiel.